Ce n'est pas parce qu'on sait que quelque chose va arriver que la chute est moins douloureuse. Alors quand tu viens tranquillement, avec ce petit ton de reproche, m'expliquer que j'ai tort, je ne suis pas surprise, mais je tombe quand même de haut. Quand tu prends ton air triste pour me dire que je "ne devrais pas être rancunière", je m'arrête. Puis quand tu ajoutes, "je ne comprends pas, c'est la famille", je manque de m'étouffer. Enfin, quand tu finis sur un "qu'est-ce qu'il a jamais fait de mal?", quelque chose se casse, au fond de moi. Je ne suis pas du genre sentimentale en public, mais j'ai sincèrement eu l'impression, ce jour-là, que quelque chose était mort à l'intérieur. Tout en continuant à dire que tu n'étais du côté de personne, tu l'as défendu. Lui. Contre moi. Il ne mérite pas ce que je lui fait? Son comportement est irréprochable depuis toujours? Certes. Alors je mérite une putain de médaille d'honneur pour mon propre comportement. J'ai pleuré de rage, devant toi. Puis quand on a essayé de prendre ma défense, tu as coupé court, tu t'es fermé. Je ne comprends pas comment, à ton âge, on peut croire que ne pas parler de ce genre de situation, ne pas terminer une dispute, faire comme si elle n'existait pas, suffit à arranger les choses. Tu es tellement à côté de la plaque. Les situations pourrissent. Certaines choses s'aggravent quand on ne fait rien. Regarde, ça fait plus d'une semaine, et je t'en veux comme jamais. Déjà, je ne te demandais rien. Juste de la fermer, juste de ne pas t'en mêler. Ensuite, je ne suis pas dans le symbole, mais quand même, faire ça le jour de mon anniversaire... Encore mieux, celui qu'on fête enfin en famille pour la première fois depuis au moins 3 ans, après une année éprouvante à cause des études et alors qu'on ne s'est pas vus depuis 4 mois. Donc oui, j'ai eu 23 ans le 26. L'année dernière je ne l'ai pas fêté, je suis restée seule à réviser chez moi. Et pourtant, c'était réellement moins triste.
Merci, papa.